*Ce nom propre Kota est dérivé d'une élision: ogna wâ ngôyî:
-"la griffe du léopard (ou de la panthère)"
*Nom de famille Kota généralement attribué aux jeunes garçons réservés; voire timides, espiègles, opportunistes.
*Les Ognaangôyî sont en principe des hommes aux pouvoirs discrets.
*Leaders à leur(s) manière(s) en restant maîtres d'eux-mêmes dans un secteur précis et clairement déterminé, c'est généralement le cercle familial et la vie professionnelle qui leur en offrent l'opportunité.
*Ils font (du) mal là où on les attend le moins, comme l'objet ou l'organe qu'ils représentent.Car "la griffe du léopard" est, parmi les armes de ce fauve, totem-ancêtre de certaines tribus Kota (Bongôyî par exemple) et symbole de l'Energie vitale chez les Kota, celle qui joue un rôle tout à fait discret mais non moins désastreux dans la chasse et la défense du Groupe.
*Les porteurs de ce nom sont donc des "armes fatales". On n'y a recours qu'en cas de danger extrême ou si l'enjeu en vaut la peine.
*Comme les griffes rétractiles du redoutable félin, leur menace ou leur pouvoir ne sont pas apparents. Cette capacité permet aux Ognaangôyî d'approcher sans bruit et sans soupçon hommes, biens et postes en ligne de mire.
*On aura donc compris qu'un Ognaangôyî est une personne fondamentalement intéressée par l'exercice du pouvoir. Quels qu'en soient le niveau et la nature.
*Après tout, il faut bien qu'une "griffe" laisse une trace ou une empreinte dans sa vie!
1-la dent
2-le nom
*Ainsi, dans la culture Kota, un même mot sert-il à désigner la dent et le nom: djînô
*Ces mots peuvent être considérés comme deux hyponymes homonymes, homographes homophones.
matchèyi mâ hoho mâ bouwé nâ b'ohobètchê
-"la couvée d'une poule ne s'accroît pas en l'espionnant"
*Ce pamphlet est généralement employé à l'égard d'une personne trop pressée de voir aboutir ses travaux ou actions en espérant les fruits tout de suite. Dans ce cas, il serait synonyme de:
-"chaque chose en son temps";
-"il y a un temps pour tout".
*Il peut également être entendu au sens inverse:
Cela ne coûte (ou change) rien d'essayer.
***
*Ce nom de famille Kota procède d'une élision. Il cache une expression ( si ce n'est trois) liée(s) au "ventre" et/ou à "la famille", voire à "la parenté"; et qui traduisent les riches interconnexions linguistiques existant entre les différentes composantes de la Culture Kota.
1)-tsèyi yâ môye (en Mahongwê) et tsèyi yâ mouènyî (en Ikota):
-"l'excuse (le prétexte, la pitié, la tolérance) du ventre (de la famille, de la parenté, du lien filial, du sang, comme qui dirait)".
=Dans ce cas, la construction et l'appellation originelle de ce nom étaient représentées par l'expression contractée ci-après:
ts'â môye / ts'amouènyî
-"pour l'amour (ou l'intérêt) de la Famille, du Clan, de la Communauté, du Sang"
*
2)-tsiya yâ môye (Mahongwê) et tsiya yâ mouènyî (Ikota):
-"le sang (le destin, la chance) du ventre (de la famille, du clan, de la communauté)".
*
=Qu'il soit ici lié au "ventre", en tant que région centrale de tout organisme; ou qu'il évoque la "famille", "le clan", "la filiation", le rapport à un démembrement vital du corps physique et social, ainsi qu'au Maternel demeure apparent.
tsiya' môye/tsiya' mouènyî:
-"un sang prestigieux"
-"un destin familial"
-"la Maternité"
-"le sauveur, le vengeur de la famille"
*
Cette interprétation est cependant rendue difficile par le fait que le sang (du peu que je sache) en Mahongwê se dit: "tôkou", au sens littéral bien entendu.
*
3)-tsiyâ môye / tsiyâ' mouènyi (avec accent sur le a):
-"(qui) quitte son père et sa mère" (du verbe o'tsiyaka: interdire, s'interdire, rejeter, abandonner)
-"(qui) rompt le cordon ombilical"
*Dans ce sens, Ts'â môye/Ts'â mouènyî signifierait simplement:
-"le renégat"
*
Hypothèse également improbable, lorsqu'on sait que les Tsamoye sont les piliers sur lesquels reposent les familles.
*
Ils sont le centre et au centre de tout: c'est un nom souvent nimbé du pseudonyme situé au sommet de la hiérarchie du code Kota de la bienséance et de la sagesse:
Tata.
*
On se refuse ainsi, par respect à celui qui le porte, à le prononcer. Car cette personne porte également la responsabilité d'un équilibre vital et délicat: la préservation du lien (ou de la cellule) familial (e).
Aussi, un Tsamoye est-il, de toute évidence:
-"Ce qu'il y a de plus précieux pour la famille", dont la Constitution dit en son Article premier, alinéa 14 qu'elle est "la cellule de base naturelle de la société".
*
Serais-je alors plus en phase avec les interprétations de ce nom liées à la famille, au clan, à la tribu, à une identité culturelle clairement définie:
"Pour l'amour, pour le bien ou pour l'intérêt de la Communauté"!
Arthur BENGA NDJEME
Paris, le 27-10-2010, 20h 20
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